Nous n’avons souvent des valeurs qu’un sentiment confus, et bien qu’en certaines circonstances plus ou moins scabreuses nous en ressentions clairement l’impérieuse nécessité, nous restons cependant bien en peine de dire d’où elles viennent, si ce n’est de leur donner un nom. On peut même craindre qu’à les dire et à en faire l’inventaire on en perde toute la force, comme, au grand jour, les images se décolorent et le parfum s’évente.
C’est pourquoi, s’agissant des valeurs, il est préférable de ne pas en faire trop vite la théorie, et d’en rester à l’expérience, comme celle que nous fîmes en découvrant récemment les murs d’une bibliothèque de l’université couverts de slogans fascistes et xénophobes. Nous sommes choqués, nous sommes indignés. Mais pourquoi sommes-nous à ce point scandalisés par une manifestation dont la violence provocatrice le dispute à l’indigence intellectuelle ? Réagir, n’est-ce pas donner à l’agresseur la publicité qu’il recherche ?
S’il faut réagir, c’est parce que, justement, nous sommes agressés. Nous ? Oui, nous tous, en tant que communauté universitaire, communauté ouverte, sans frontières ni de sol, ni de race, ni de nation. L’université, qui n’est pas fondée sur des rapports d’intérêt mais sur des rapports d’intelligence, est la communauté de ceux qui font le commerce des idées. Ce commerce a ses lois, qui ne sont pas celles du marché : en matière d’idées, le partage enrichit plus qu’il n’appauvrit ; partager est même un vrai moyen, sinon le seul, de s’enrichir !
Quelques voyous, s’imaginant héritiers d’une lointaine aristocratie, bafouent aujourd’hui les valeurs fondamentales de la République et de l’université, qui se ramènent pratiquement à une seule, dont toutes les autres dépendent : l’universalité, qualité exquise des biens qui s’accroissent d’autant plus qu’ils profitent au plus grand nombre. Ces valeurs universitaires et universalistes sont les seules possibles, et elles ne sont pas négociables. Les nier, comme nier le sens de l’histoire ou le progrès de la raison, est à la fois inutile et absurde, comme un crachat en l’air.
Édouard Mehl
Vice-président Sciences en société de l'Université de Strasbourg
Une nouvelle campagne d’évaluation des formations est en cours dans l’université depuis décembre. Malgré des taux de réponse très inégaux selon les composantes, la démarche entre dans les mœurs, d’autant que ses résultats ont permis la mise en place de plans d’actions correctives très concrètes. Le tour de la question avec Jacky de Montigny et Anne-Fabienne Malet, respectivement chargé de mission et chargée de projet de l’évaluation des formations au sein du Service d’aide au pilotage.
Où en est-on de la mise en place de l’évaluation des formations ?
Anne-Fabienne Malet : Le dispositif d’évaluation des formations a été mis en place à la suite de la fusion et du passage de l’université sous l’égide de la LRU*. En 2010-2011, s’est déroulée une campagne-test, puis à partir de la rentrée 2011, deux campagnes : la troisième est actuellement en cours. L’objectif est d’évaluer les formations dans leur globalité. Par exemple, le « L1 droit » ou le « Master mention physique, spécialité astrophysique ». La démarche est donc assez fine. Les premières années de licence ou de DUT et la première année commune d’études de santé (Paces) doivent être évaluées tous les ans, les années « diplômantes » (masters 2, diplômes d’ingénieurs, licences pro, 2e année de DUT, 3e années de licence, 6e année du secteur santé) tous les deux ans.
Jacky de Montigny : L’évaluation des formations est une obligation légale. Mais elle nous apporte aussi beaucoup : l’avis des étudiants sur la formation qu’ils reçoivent est essentiel pour nous aider à améliorer les formations, même s’il y a d’autres critères, d’autres indicateurs. L’évaluation permet d’identifier des points forts et des points à améliorer à partir desquels les composantes vont établir un plan d’actions pour essayer de concrétiser cette amélioration.
Concrètement, comment ça se passe ?
JdM : Il faut d’abord parler du rôle clé des référents qualités. Chaque composante a un référent, nommé par le directeur ou le doyen. Ils portent le dispositif dans leur composante, et leur implication est essentielle dans la réussite de l’évaluation. Le taux de réponse est variable d’une composante à l’autre. Il s’établit autour de 25% en moyenne. Il est de 15% en Paces et peut atteindre 60% dans certaines formations comme les DUT par exemple. De manière générale, il est meilleur dans les filières sélectives. L’implication de l’équipe pédagogique compte également beaucoup dans cette mobilisation. L’objectif pour la prochaine campagne est bien évidemment d’augmenter de manière significative ce taux de réponse.
L’idée que l’évaluation des formations présente un réel intérêt a d’ailleurs fait son chemin dans la tête des enseignants. Dans l’ensemble, il y a une bonne adhésion au système. L’étape suivante va consister à généraliser la mise en place de l’évaluation des enseignements. Pour l’instant, les enseignants peuvent proposer cette évaluation à leurs étudiants s’ils le souhaitent. Dans un avenir proche, ce dispositif devra prendre beaucoup plus d’ampleur.
A-FM : L’évaluation se construit autour de la diffusion d’un questionnaire thématique qui interroge les étudiants aussi bien sur les programmes, l’accompagnement pédagogique, les locaux ou les ressources documentaires. Ils doivent donner une note de 1 à 6 (de « pas d’accord » à « tout-à-fait d’accord »). Ce questionnaire a été élaboré et validé une première fois en 2010, et il est affiné chaque année depuis. Cette année, par exemple, on a intégré tout ce qui concerne l’Évaluation continue intégrale et rajouté une question ouverte par thématique. Les réponses des étudiants sont totalement anonymes et personne ne les oblige à remplir le questionnaire, c’est une démarche volontaire.
En décembre, l’application informatique permettant l’évaluation est ouverte. Les étudiants reçoivent une invitation à remplir le questionnaire en ligne. Le référent qualité pourra contrôler le taux de retour pendant toute la campagne et relancer les étudiants autant qu’il le souhaite. La fermeture de l’application est décidée par le référent qualité en fonction de l’organisation des études, et des stages.
Puis, à la fin de la campagne, les résultats sont analysés à deux niveaux : au niveau de la composante dans le détail, et au niveau central sur les questions de synthèse par thématique pour sortir un bilan plus général au niveau de l’université.
Les résultats font-ils apparaître des points saillants ?
JdM : La dernière campagne a permis d’évaluer 423 spécialités, à partir de 19 400 réponses d’étudiants. Le taux global de satisfaction s’établit à 4,4 sur 6. Les points forts concernent plutôt l’environnement pédagogique : ressources documentaires, programmes, enseignement à distance, ressources matérielles, locaux. Dans les points à améliorer reviennent beaucoup l’insertion professionnelle, l’accès à l’information, la transition lycée-université, l’accompagnement pédagogique. Au niveau des composantes, on peut noter qu’une vingtaine d’entre elles a établi un plan d’actions consécutif aux résultats de l’évaluation. La prise en compte des résultats est donc réelle. Les actions visent essentiellement les points à améliorer et portent principalement sur l’organisation des enseignements et la pédagogie.
Pour la première fois cette année, les résultats de l’évaluation seront communiqués de manière synthétique dans les éléments du dialogue de gestion ce qui est une belle démonstration de l’importance du dispositif.
Propos recueillis par Caroline Laplane
*Loi relative aux libertés et responsabilités des universitésSamedi 15 mars 2014, l'Université de Strasbourg ouvre les portes de ses campus. Ce jour-là, enseignants-chercheurs, étudiants et de nombreux autres acteurs de la vie universitaire seront présents pour accueillir les futurs étudiants, leurs proches et tout citoyen, pour leur faire découvrir leurs lieux de travail, d'études et de vie et répondre à leurs questions. Pour l’heure, toute la communauté universitaire se mobilise pour l’organisation de cet événement.
Depuis 2006, la Journée portes ouvertes (JPO) est un projet d'envergure qui nécessite l'implication de nombreux acteurs : composantes, services centraux, personnels administratifs, enseignants et étudiants. Elle est l'affaire de tous et une opportunité de mettre en valeur leurs locaux, leurs formations, les services qu'ils proposent et d'apporter, à travers l'énergie des acteurs de la vie universitaire, le petit plus qui donne envie d'étudier à l'Université de Strasbourg.
Chaque composante de l'université (faculté, UFR, école, institut, etc.) conçoit son propre programme et ses propres horaires d'ouverture.
Envoyez vos programmes à Espace avenir
Espace avenir se positionne comme relais d'information et appui aux acteurs de la vie universitaire pour la JPO. Ainsi, il centralise leurs programmes respectifs afin de les diffuser auprès du grand public (jpo.unistra.fr, tracts, affiches). Il met également à disposition des organisateurs de nombreux supports de communication, virtuels (ENT) ou physiques (dans la limite des stocks) : fichiers à imprimer via l'ENT, affiches, badges, fiches de décompte visiteurs, questionnaires d'évaluation visiteurs, programmes vierges, tracts, crayons, ballons de baudruche. Espace avenir sollicite aussi la participation d'associations, amicales, groupes de musique étudiants et coordonne l'ensemble des animations qui auront lieu dans différents espaces communs du campus (aulas de bâtiments, parvis de la Faculté de droit, de sciences politiques et de gestion).
Le président de la République a effectué une visite officielle à l’Université de Strasbourg le 30 janvier dernier. Ce matin-là, subitement, le campus a changé d’ambiance… Mais pourquoi est-il venu, justement à Strasbourg et précisément à l’université ? Comment se prépare une visite présidentielle pour l’institution qui accueille ? Avec quelles difficultés, quelles particularités ? Vous saurez tout en lisant les témoignages des principaux acteurs de cette visite, côté Unistra : Alain Beretz, président ; Claudine Wernert, directrice de cabinet, qui a coordonné cette visite pour l’université, et Nathalie Krumhorn, son assistante ; Armelle Tanvez, directrice de la communication ; Muriel Muzet, responsable administrative de l’Isis ; Christiane Gross, directrice de la Direction des affaires logistiques intérieures (Dali), Matthieu Mensch, responsable administratif du Palais universitaire, et Marc Zuber, responsable du pôle sûreté et accès de la Dali.
La genèse
Alain Beretz : Quand Martin Karplus a reçu le prix Nobel de chimie, en novembre 2013, nous n’étions pas très contents du peu d’écho que cette nouvelle a éveillé dans les médias, notamment nationaux. L’Elysée avait publié un communiqué quelques heures après l’annonce, mais c’était peu de choses au regard du potentiel de valorisation de la recherche française que représente le Nobel attribué à un chercheur qui se partage entre Harvard et l’Université de Strasbourg.
Armelle Tanvez : Dans le même temps, nous voulions valoriser notre position géographique à l’occasion du cinquantième anniversaire du traité de l’Elysée sur les relations franco-allemandes.
Alain Beretz : J’ai donc fait du lobbying auprès de l’ancien président de l’Université Paris-Diderot, Vincent Berger, actuellement conseiller Enseignement supérieur et recherche à l’Elysée pour que François Hollande vienne à l’Université de Strasbourg, a minima pour rencontrer les prix Nobel.
Un jour, on a eu une réponse positive… Je précise que c’est la première fois depuis le début de son mandat que le président fait une visite officielle dans une université et qu’il a volontairement choisi une université de recherche.
Keep your secret secret
Muriel Muzet : L’information est tombée vers le 10 novembre. La première difficulté a consisté à trouver des dates qui conviennent à l’agenda de personnes très occupées : le président de la République, le président de l’université, les trois prix Nobel… Initialement, la visite aurait dû avoir lieu les 5, 6 ou 7 février lorsque les trois Nobel étaient à Strasbourg.
Armelle Tanvez : Puis les dates des 22-24 janvier et du 30 janvier ont été évoquées.
Alain Beretz : Pour finir, l’Elysée a retenu la date du 30 janvier. Malheureusement, Jules Hoffmann ne pouvait être présent car, ce jour-là, il était l’orateur vedette d’un grand congrès d’immunologie à San Francisco. Mais Martin Karplus et Jean-Marie Lehn étaient à Strasbourg. Finalement, la date a été arrêtée seulement deux semaines avant la visite, et confirmée officiellement trois jours avant…
Depuis la mi-novembre, nous avions commencé à travailler sur le contenu du programme. Ce qui a été difficile, c’est qu’on était soumis à une forte contrainte de confidentialité. Seule une petite équipe était dans la confidence : mon cabinet, la directrice de la communication et bien sûr, les équipes de direction d’Isis et de l’Ircad. Il fallait avancer sans rien dévoiler, et ce, pendant un long moment.
Claudine Wernert : Par exemple, il a fallu convaincre les étudiant-e-s de participer à la table-ronde sans pouvoir leur dire que la personnalité politique qu’ils allaient rencontrer était François Hollande. C’est un énorme travail qu’a accompli Joern Pütz dans des conditions délicates. Il a su trouver les bonnes personnes.
Matthieu Mensch : De même, tout le monde au Palais U savait que quelque chose se préparait et me faisait des allusions mais je devais toujours faire l’étonné… Même quand on a dû annoncer une semaine avant qu’on fermerait le palais ce jour-là et qu’on annulait tous les cours !
Changements de programme jusqu’à la dernière minute
Alain Beretz : Au départ, on a fait une sorte de catalogue de tout ce qu’on pouvait montrer. Puis, au travers d’allers-retours avec l’Elysée, on a affiné progressivement le programme. La rencontre avec les prix Nobel était une évidence. Nous sommes aussi contents que le président ait accepté notre proposition d’une rencontre avec les étudiant-e-s. Nous y tenions car l’université n’est pas seulement un lieu de recherche.
Claudine Wernert : Dans la première mouture, le président devait rencontrer quelques étudiants en tête à tête. Puis, il y a eu cette idée de table-ronde avec des étudiants en cursus franco-allemand.
Muriel Muzet : Au départ, le président devait rester deux heures et demies à Isis, puis une seule heure, car la visite de l’Ircad s’était rajoutée dans son programme. Deux jours avant sa venue, il était prévu qu’il y reste une heure et demie et finalement, le jour J, il y est resté deux heures… parce qu’il s’y est plu !
Armelle Tanvez : Il y a eu au moins cinq ou six échanges avant de valider un scénario.
Alain Beretz : C’est comme dans un film.
Claudine Wernert : Même quand le programme est plus ou moins fixé, on sent qu’il peut encore changer selon l’actualité ou pour des besoins de sécurité.
La sécurité : un casse-tête ?
Alain Beretz : Le déploiement des forces de l’ordre n’exprime pas une méfiance par rapport à l’université. Cela peut nous impressionner, mais c’est ordinaire pour un déplacement présidentiel. Cela dit, c’est une contrainte très forte, qui a donné lieu à de nombreuses réunions à la préfecture, et avec les services de l’Elysée, sur les deux sites visités par la président.
Pour la sécurité, le moment le plus délicat, c’est au Palais U car le président est dans la foule. C’est pourquoi les lieux étaient très sécurisés avec le portail de détecteur de métaux et les chiens.
Matthieu Mensch : La veille, les services de sécurité ont visité le palais de la cave au grenier. Les tireurs d’élite ont repéré l’espace sur le toit. Cela dit, les membres de l’équipe de la sécurité ont tous été supers. Ils sont très pro, mais aussi très respectueux de notre travail. Ils agissent avec tact et finesse et intègrent vraiment les « personnels locaux » à l’organisation.
Christiane Gross : Il y a aussi tout un travail sur la circulation du cortège présidentiel sur le campus. C’est assez compliqué pour lui permettre de se déplacer efficacement et en toute sécurité.
Marc Zaber : Par exemple, 30 minutes avant l’arrivée de François Hollande, les policiers ont remarqué qu’une fenêtre du bâtiment de l’Insa était entrouverte… C’était un peu la panique et ils ont vite envoyé une équipe la faire fermer.
Alain Beretz : Concernant la visite à Isis, nous avions proposé un passage sur la terrasse de l’institut, qui est superbe. Au départ, l’Elysée n’était pas très chaud pour des raisons de sécurité, mais lorsqu’ils ont vu le lieu, ils ont donné leur accord.
Muriel Muzet : Quant à moi, j’ai été missionnée comme femme-ascenseur. Je devais m’assurer qu’il ne tombe pas en panne lorsque le président l’utilisait. Il y avait même un réparateur aux commandes au sous-sol. Heureusement, tout c’est bien passé. Mais ce n’est que quelques heures après que je me suis rendue compte que je n’avais même pas le numéro de portable du réparateur…
Invitations : ménager les susceptibilités
Claudine Wernert : Les invitations ont été envoyées le lundi soir. Ce n’était pas évident d’évaluer le taux de retour : une vraie difficulté. Martine Schneider et Nathalie Krumhorn ont beaucoup œuvré et ont envoyé des courriels individuels. Mais dès que l’objet de la visite présidentielle a été dévoilé : le taux de retour a été très important.
Alain Beretz : Nous avons passé deux heures avec Claudine à la préfecture pour savoir comment placer les gens dans le Palais U. Il fallait gérer les susceptibilités et la capacité de présenter des personnes au président.
Une énergie mobilisatrice
Nathalie Krumhorn : C’était stressant, car c’est tout de même le président de la République. C’est un gros coup d’adrénaline. Et en même temps, c’est une expérience super intéressante car on côtoie un nouveau milieu. Une fois que la journée est finie, lors de la phase de décompression, on se dit que l’on a abattu beaucoup de travail pour trois heures finalement. Mais je garde un très bon souvenir : tout va tellement vite.
Muriel Muzet : Même si c’est stressant, c’était très intéressant et très excitant. Et autour de moi, il n’y a eu aucun problème à mobiliser les collègues même à des heures ou sur des tâches inhabituelles. Tout le monde s’est donné à fond.
Alain Beretz : C’était une grosse contrainte parce qu’on a toujours beaucoup de travail tout le temps mais tout le monde a joué le jeu. Le bénéfice pour l’université est clair : elle sort plus connue à tous les niveaux, bien que nous soyons déçus par la couverture médiatique nationale. De plus, collectivement nous avons donné au président et à son entourage une très bonne image de la recherche et de l’enseignement supérieur. Nous avons montré une institution qui se bouge. Et tous les retours de l’Elysée sont positifs.
Armelle Tanvez : Régionalement, la couverture médiatique a été bonne et renvoie une image valorisante de l’institution. Une vingtaines de médias ont relayé cette visite, dont France 3 et France Bleu Alsace, les DNA, l’Alsace. Il y a eu aussi une dépêche de l’AFP, des papiers dans Les Echos et le Figaro, sur RTL…
Matthieu Mensch : Quant à moi, à force de répondre à des appels téléphoniques émanant du « palais de l’Elysée », j’ai décidé de répondre dorénavant au téléphone : « bonjour, palais universitaire… »
Propos recueillis par Fanny Del et Caroline Laplane
Dans le cadre de l’Opération campus, les vestibules de quatre bâtiments universitaires du campus central ont été réaménagés en « spots numériques », véritables lieux de rencontre et d’échange adaptés aux besoins émergents des usagers.
Des nouveaux espaces nommés « spots numériques » (nom déposé) sont accessibles aux usagers de l’université depuis le 23 janvier au Patio, à l’Institut Le Bel, à l’Escarpe et à la bibliothèque U2-U3. Ces différents lieux sont constitués d’un ensemble d’assises (bancs, canapés, poufs) et de plans de travail de différentes tailles et hauteurs. « Notre modèle n’est pas l’espace silencieux de la bibliothèque, mais davantage un espace partagé pour discuter et se détendre, où l’on se donne rendez-vous, où les conversations téléphoniques et les casse-croute avalés sur un coin de table sont autorisés. Un lieu qui sert aussi pour réviser un cours ou préparer un exposé en petit groupe, en somme un espace accessible favorisant les échanges », précise Édouard Manini, directeur du projet campus.
Lancé en novembre dernier, au moment des Journées des alumni, le parrainage au sein du réseau commence à prendre forme. 150 parrains et 175 filleuls sont d’ores et déjà inscrits dans le système. Les binômes se cherchent et se forment. Témoignage d’une des premières « paires » opérationnelles : Josiane Savarin, ayant fait toute sa carrière dans l’industrie pharmaceutique chez Lilly France, et Anne Laumonier, étudiante à l’EM Strasbourg.
Anne Laumonier est étudiante à l’EM Strasbourg, en deuxième année. Actuellement en mobilité Erasmus à Hambourg, elle reviendra l’été prochain d’Allemagne et souhaite poursuivre ses études en master 2 en choisissant une spécialité « logistique ». « Quand j’ai vu passer un mail annonçant la création du système de parrainage au sein du réseau des alumni, j’y ai vu tout de suite l’opportunité de tester mon projet professionnel auprès de quelqu’un qui connaît le milieu qui m’intéresse de l’intérieur », explique-t-elle. Elle a donc soigneusement rempli les critères de sélection de son parrain sur le site, et c’est le contact avec Josiane Savarin qui lui a été proposé !
Josiane Savarin a occupé différents postes de direction dont celui de "supply chain", qui recouvre les métiers de la logistique, la gestion des flux et les relations clients-fournisseurs. « J’ai exercé dans de nombreuses fonctions attachées à ces métiers, ce qui intéresse justement Anne. Comme elle, je suis diplômée de l’EM – IECS* à cette époque. Comme elle, je suis une femme. J’ai ainsi pu la rassurer sur le fait que, contrairement à ce qu’elle a pu percevoir, le milieu de la "supply chain" n’est pas spécialement fermé aux femmes : comme pour tous les métiers, cela dépend de l’entreprise et de sa culture. Quand on cherche un emploi, un bon indicateur est le nombre de femmes à des postes de responsabilité ! »
Une expérience très enrichissante
Après une phase de prise de contact, de présentations réciproques et d’échanges par courriel, Anne et Josiane ont eu une première conversation téléphonique, la résidence d’Anne à Hambourg ne leur permettant pas aisément de se rencontrer. Outre un partage d’expériences réciproque et un échange sur les possibilités de carrière pour une femme dans la "supply chain", Josiane a pu expliquer à Anne les débouchés possibles à partir des métiers de la logistique et lui donner son avis sur une éventuelle formation complémentaire en France ou à l’étranger.
« Pour moi, c’est toujours une expérience très enrichissante d’accompagner ainsi un jeune. Je le faisais dans mon entreprise où il existe des systèmes comparables de mentoring et de coaching pour guider, aider, accompagner des jeunes ou des nouveaux arrivants dans l’entreprise ou lors d’un changement de fonction. Cela m’a toujours passionnée... En tant qu’alumni, c’est l’opportunité pour moi de témoigner de ma reconnaissance vis-à-vis de l’université qui m’a formée. J’ai eu six propositions de parrainage, je serai ravie de parrainer d’autres jeunes intéressés par l’industrie pharmaceutique. »
Anne et Josiane ont prévu de s’entretenir à nouveau par téléphone prochainement, avant de se rencontrer au retour d’Anne en France.
Le système de parrainage du réseau des alumni de l’Université de Strasbourg offre de nombreuses possibilités : il peut s’organiser entre personnels, entre étudiants, entre alumni extérieurs à l’université et étudiants ou personnels, bref, toutes les combinaisons sont possibles. Toutes les informations et l’inscription dans le système sur le site des alumni.
Caroline Laplane
*IECS : Institut d'études commerciales supérieures. Cet institut a fusionné en 1999 avec l'Institut d'administration des entreprises (IAE) pour former l'EM Strasbourg.
Le pôle entrepreneuriat étudiant alsacien, labellisé en 2011, candidate au dispositif Pépite pour poursuivre et renforcer son action en faveur de l’entrepreneuriat des étudiants. Les dix membres fondateurs du consortium (dont les deux universités alsaciennes) ont signé un accord le 1er février dernier pour appuyer cette candidature.
Créé en 2010 et porté pendant trois ans par l’incubateur Semia, Étena a rejoint le giron de l’Université de Strasbourg au printemps 2013 ; son portage a été intégré à l’Espace avenir. Outil alsacien dédié à la diffusion de la culture entrepreneuriale auprès des étudiants, Étena candidate à un nouvel appel à projet national, Pépite (Pôle étudiant pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat) dans l’objectif de décrocher le label et les financements qui vont avec. « Nous profitons de cette période charnière pour faire signer l’accord de consortium à l’ensemble des partenaires du projet, explique Hassania Sebti, chef de projet Étena. Une manière symbolique de les remobiliser et de faire de cette mobilisation un argument supplémentaire pour gagner l’appel à projet. »
Développer les formations-actions
L’objectif d’Étena-Pépite est sensiblement identique à celui d’Étena : renforcer la culture entrepreneuriale et d’innovation auprès des étudiants et dans les formations du supérieur, donner un statut à l’étudiant-entrepreneur, encourager les femmes dans cette démarche, favoriser l’économie sociale et solidaire… En trois années d’existence, Étena estime à 11 000 le nombre d’étudiants sensibilisés, et 27 entreprises ont pu être créées avec son soutien. Il s’agit pour Étena-Pépite de poursuivre ces actions avec un objectif prioritaire qui concerne le renforcement et la généralisation des formations-actions fondées sur une pédagogie active, qui confrontent les étudiants à des situations d’entrepreneuriat réelles ou proches de la réalité : "hot spots entrepreneuriaux", serious games, start-up week-ends, etc.
Des modules dans les formations
« Au cours de ces formations-actions, explique Hassania Sebti, les étudiants réunis en équipes sont confrontés à de vrais projets d’entreprises. Les start-up week-ends désignent même des lauréats dont les projets seront ensuite accompagnés par des professionnels. » De nombreuses formations universitaires ont également ouvert, ou sont sur le point d’ouvrir, des modules autour de cette thématique, ou des juniors entreprises, avec le soutien d’Étena. « Ce qui est sûr, c’est qu’on sent que l’idée de démarrer sa vie professionnelle par une démarche d’entrepreneuriat progresse dans les esprits de tous : enseignants, étudiants…», conclut Hassania Sebti. Une première victoire, et pas des moindres.
C.L.
Le magazine d'information de l'Université de Strasbourg, Savoir(s), est consultable et téléchargeable sur savoirs.unistra.fr. Le dossier de ce numéro 20 de février aborde la question « Nouvelles technologies = nouvelles pédagogies ? ». Dans ce numéro également, des articles sur la biodiversité en milieu urbain, la littérature européenne à l'honneur, le Labex Medalis dédié aux médicaments contre le cancer et l'inflammation, mais aussi un papier sur l'impact de nos trois Nobel et un entretien croisé entre le vice-président finances et le directeur général des services sur le budget de l'université.
Le devenir des docteurs 2010
Au 1er mars 2013 :
• 84% : le taux d'emploi des docteurs
• dont 29% sont en post-doctorat
Envoyez votre info à lactu@unistra.fr avant le mercredi 12 mars midi pour une parution le vendredi 14 mars 2014. Consultez les dates des prochains numéros.